Voltaire et Frédéric 2

Publié le par Patrick

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Frédéric 2, vieillesse et jeunesse ( tableau gardé et exposé chez Voltaire )

 

Après une correspondance ( fleurie et amoureuse ) de plus de dix ans, Voltaire, 55 ans, se rend à Berlin sur l'invitation de Frédéric 2 .

Mme du Châtelet n'est plus, ses pièces sont sifflées à Paris, il a négocié une place de chambellan à la cour littéraire, francophone et philosophique du roi de Prusse.

Ce dernier qui a quelques milliers de vers français à se faire corriger, est le protecteur de nombre " d'esprits " français fuyant les bûchers des livres ou des individus ( cette année-là deux pauvres sodomites ont étés brûlés à Paris ), il est aussi le stratège raffiné qui a eu six chevaux tués sous lui au cours de ses batailles, le despote éclairé : " Chacun doit pouvoir trouver le salut, comme il le désire ", " Raisonnez tant que vous voudrez et sur tout ce que vous voudrez, mais obéissez ! ", homosexuel : " Dans mes Etats chacun est maître de son cul. ", assertion qui devrait plaire à un certain marquis.

Frédéric a déjà rencontré Voltaire en 1742, il l'a cadré :

" C'est bien dommage qu'une âme aussi lâche soit unie à un si beau génie. Il a la gentillesse et les malices d'un singe ( singes qu'il fera peindre dans sa chambre avec quelques paons...) C'est apprendre de bonnes phrases d'un scélérat. Je veux savoir son français, que m'importe sa morale ? "

Voltaire a su se faire payer avant d'y aller malgré ses roucoulades :

" Daignez m'aimer, je quitte tout, je pars, et je voudrais partir pour passer ma vie à vos pieds. ", ainsi il serait à l'abri de ses " ennemis " qui sont légion : Fréron ( dans un décri et mépris général ), Crébillon, le " maraud " Desfontaine, le " scorpion " Roy, le " méchant " Piron...Le problème c'est qu'il en aura autant à Sansouci et qu'un fois l'orange pressée, il sera éjecté.

Le cahier des charges y est net :

" L'ambition personnelle et l'inimitié

  Y sont les seuls péchés contre nature."

Baculard d'Arnaud qu'il a aidé à faire le voyage devient l'objet de ses cabales. Le roi avait parlé " d'un soleil levant " ( et profité d'un bon coup, en passant ); il le torpille par la bande et le fait chasser.

Il est maintenant en procès avec un juif joaillier pour une spéculation frauduleuse qui tourne à son désavantage...devant les tribunaux. Le roi n'apprécie pas. Il s'en prend à Maupertuis etc...etc.

" Vous avez fait un train affreux dans toute la ville. Si vous avez la passion d'intriguer et de cabaler vous vous êtes très mal adressé. "

Malgré tout Voltaire écrit, corrige, publie ( un autre procès en vue ) épistole à tout va : Richelieu, le duc d'Uzès, de l'Académie de Dijon où il est passé, et qui a décerné un prix à J J Rousseau. Ce dernier vit dans un galetas de la rue des Cordiers avec T. Levasseur, servante de son état à qui il fait cinq enfants placés incontinent aux Enfants Trouvés. Il est sur " L'origine et le fondement de l'inégalité parmi les hommes "

Un " écolier " pour l'Homère de la France ", les deux, pères supposés de sa Sainte Révolution.

En 1751, le jeune La Baumelle débarque. Arouet voit le rival qui va remplacer ce pauvre La Mettrie qui n'est plus. Déployant " les épines de son caractère " il lui fait le même sort qu'à d'Arnaud.

Moralité :

Une fois de plus Arouet se révèle tel qu'en lui-même : atroce, annonçant un trépas imminent qui survenu à ce moment l'aurais laissé peu connu de la postérité ( il s'est un peu arrangé par la suite ).

Nous ne lui faisons pas plus un procès ( 1 ) que nous lui contestons ses mérites : à force de récriminer contre tout ( et son contraire ) il force à la réaction : indignation, pitié...et il ouvre des brèches dans les bastion de l'Eglise, du Pouvoir Despote.

Quel être seul ! Ses kilomètres de lettres en témoignent, prosternations éternelles à la moitié de l'Europe ( père du marquis de Sade compris, avec lequel il voulait aussi finir ses jours en philosophant. )

La Châtelet, la Denis-fessue, l'ont surabondamment trompé, ouvertement, pour que l'on puisse juger de sa vie affective et sexuelle.

Le climat très homo de Berlin ne lui réussit pas plus, malgré ses connaissances parisiennes de la chose.

Vu les difficultés anales du roi il ne pouvait être que " récepteur ", mais même de ce côté, j'ai l'impression, qu'il a récolté plus de clystères qu'autre chose.

Frédéric 2, lui, domine son affectivité, sa sexualité, son Académie et accessoirement l'Europe : Napoléon, sur sa tombe, dira : " Messieurs, si cet homme était encore en vie, je ne serais pas ici. ".

Il n'a pas besoin, comme Louis 15 des expédients supplétifs d'un Parc-aux-Cerfs, du faste et des chasses à temps plein ( quand il chasse, Frédo, c'est pas le lapin ). Il ne dépend, ni de ministres, ni de syrènes, ni de courtisans : deux heures de flute tous les matins, exercice militaire ( Voltaire n'aimait ni les heures de musique, ni les coups de feu ), le " premier serviteur de l'Etat  " avait tout en main, y compris le temps de philosopher humastiquement.

Les fées et les démons ( son père ) qui se sont penchés sur son berceau...

Le marquis de Sade aurait pu, comme il l'avait envisagé, se réfugier à Sansouci ( lui faisant des vers, sa femme jouant de la guitare ); cela aurait été différent avec Boyer d'Argens et La Mettrie qu'il aimait bien. Il y avait la différence de génération entre lui et le roi.

 

(1) Pour cela voir l'excellent ouvrage " Voltaire et Frédéric 2 " de Roger Peyrefitte, bien placé pour sentir ce genre de relation et qui n'y va pas " à la pédale douce " !

 

N'oubliez-pas : cebravemarquisdesadexxx.erog.fr  et le livre Ce brave marquis de Sade !

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